Résister au chantage émotionnel

Résister au chantage émotionnel

Le chantage émotionnel est tellement courant qu’on ne sait même pas quand on est dedans !

Il représente un risque très important pour les relations interpersonnelles et professionnelles, parce qu’ il est utilisé comme  moyen pour prendre le pouvoir sur une personne et se sentir en sécurité au lieu de communiquer avec elle pour arriver à une coopération .

Comment on utilise le chantage émotionnel :

  • La menace est en fonction de la vulnérabilité de l’autre et de son degré de résistance : « Si vous n’acceptez pas de travailler cette nuit , je ne vois pas pourquoi j’arrangerais vos vacances ! ». C’est subtil car c’est une stratégie de communication que les personnes qui ont déjà connu ça dans leur éducation pratiquent . Beaucoup d’enfants sont élevés dans du chantage émotionnel.
  • Le silence peut être utilisé comme pression ou menace : « bouder , faire la tête » . La menace n’est alors pas claire , mais l’atmosphère est irrespirable.
  • Utiliser sa propre punition comme pression : on peut menacer l’autre en lui disant : « Si tu fais cela , voila ce qui va m’arriver , voila comme je vais souffrir , je risque de me suicider … ».
  • En souffrant : on sous-entend que l’autre va se sentir coupable de sa souffrance , qu’il est responsable de ce mal-être . L’autre n’arrive pas à accepter cette souffrance et sait que s’il accède à la demande , la personne ira beaucoup mieux.
  • En encourageant la personne , en lui promettant quelque chose pour arriver à ses fins . Cela se fait à tous les niveaux et surtout au niveau professionnel.

Où prend sa source le chantage émotionnel ?

Dans la peur :

  • d’être quitté
  • de décevoir : si je m’affirmais et que cela déçoive l’autre , mon idéal du moi ne serait plus ce qu’il est , donc je cède . J’aime mieux me sacrifier , ce qui correspond mieux à mon image, que de poser des limites claires
  • de ne pas être aimé
  • de déchaîner une colère : cela renvoie à la peur irraisonnée de l’enfance . Pourtant , je peux décider comment je prends les mots de l’autre , c’est la personne qui choisit d’être en colère et non pas moi qui suis responsable de cette colère . Mais la colère est une façon étonnante de garder le pouvoir.
  • d’être licencié , de perdre son travail

Qui est vulnérable au chantage émotionnel ?

  • celui qui veut être approuvé : étant enfant , on a extrêmement besoin d’être approuvé , soutenu , valorisé et que nos compétences soient reconnues.  Au fur et à mesure que l’on grandit , on a besoin de pouvoir se donner à soi-même cette reconnaissance . Certaines personnes vont chercher autour d’elles l’approbation et le support qu’elles auraient besoin de se donner elles-mêmes . Si on a un besoin énorme d’être approuvé , on va être extrêmement vulnérable au chantage émotionnel.
  • celui qui a peur de la colère : cette personne aura des difficultés dans la gestion des situations d’agressivité et de violence dans les soins .
  • celui qui veut la paix à tout prix : les personnes qui ne supportent pas les conflits sont prêtes à payer un prix très cher , alors que les conflits sont quelque chose d’important . On ne peut pas toujours être d’accord et apprendre à le dire est très important ! on se rend compte qu’on peut vivre avec des personnes qui n’ont pas les mêmes idées que nous.
  • celui qui accepte des responsabilités qui ne sont pas les siennes : il est important de se poser des questions comme : « Est ce que c’est de ma responsabilité ? de ma faute ? » Je ne peux pas porter toutes les choses de l’autre . La limite est parfois floue , surtout dans les professions de santé.
  • celui qui a de la pitié pour l’autre : Quand nous avons de l’empathie , de la compassion , nous ne sommes pas forcément vulnérables . Mais quand nous éprouvons de la pitié , nous sommes dans la sympathie , pas dans l’empathie . Si j’ai pitié de quelqu’un , cela veut dire fondamentalement que je ne lui donne pas la possibilité de surmonter ses problèmes , je suis dans le sauvetage . Dans la compassion , je vois l’autre comme un autre moi-même , capable de faire des choses pour lui , capable de choisir pour lui . Dans la pitié , je pense que moi je peux faire des choses que lui ne peut pas faire pour lui.
  • celui qui doute de lui-même : dès qu’il y a pression , la personne doute de ce qu’elle pense.
  • le manque d’estime de soi-même : la personne est très sensible aux arguments du style :« C’est de ta faute ! »

Les effets du chantage émotionnel

  • diminution du respect de soi-même
  • diminution du sentiment de bien-être ( sur le plan de la santé physique et mentale).
  • problèmes relationnels , car il ne s’agit pas de coopération , mais d’une prise de pouvoir
  • problèmes de santé , absentéisme

Passer à l’action

  • Il faut commencer par se préparer soi-même , par devenir conscient de ce qui se passe : « Est-ce que dans la situation où je suis ( personnelle , professionnelle ) j’ai l’impression que : je fais des choses parce qu’on m’oblige à les faire ? je fais des choses parce que j’ai peur ? je fais de choses parce que je me sentirais coupable si je ne les faisais pas ?
  • Si je réponds « oui » à une de ces trois questions , j’ai à prendre soin de moi-même , j’ai à me préparer moi-même .
  • Je dois me dire que je peux arriver à faire quelque chose , moi , pour ne plus me laisser entrer dans un système de chantage émotionnel .

LA MÉTHODE SOS :

S comme STOP ! Je commence par demander du temps pour ma réponse . Je prépare des phrases qui vont me permettre de prendre un temps de recul : « J’ai besoin d’y penser , je te donnerai la réponse demain , je ne veux pas me décider maintenant » . Cela évite d’être juste dans la réaction .

C’est tout un travail d’arriver à dire , au moins dans sa tête : « Non , je n’en ai pas envie » . Il faut d’abord être conscient des moments où dans ma vie , je fais des choses par devoir , culpabilisation , pression ou peur . Pour cela il me faut un temps de réflexion .

O comme OBSERVER : Ce que je pense de cela , ce que je ressens à l’intérieur de moi . Où se trouve ma vulnérabilité ? Nous avons tous un « bouton » où est inscrit « POWER » et sur lequel les autres savent qu’il faut appuyer pour que ça marche !!! « Toi qui as bon cœur » , « Toi qui sais » …

Il s’agit de savoir ce qui est bon et juste pour soi en s’observant , en ressentant et en comprenant de quelle façon on est manipulé . Ensuite , il faut décider sur la base d’options , c’est-à-dire proposer des alternatives à la personne qui demande : « J’entends ton besoin , mais en ce qui me concerne , je pense que … mais peut-être que je peux te donner telle information … »

S comme STRATEGIE : il existe des outils de communication non-violente ( Marshall Rosenberg : « les mots sont des fenêtres ou des murs ») : j’ai des besoins , l’autre a des besoins , comment peut-on travailler ensemble pour que nos besoins soient satisfaits , et pas seulement ceux d’une personne ?

Comment anticiper les réponses qui vont venir et savoir les gérer : Par exemple , l’autre va dire des choses comme :

  • « Tu vas le regretter ! »
  • « Tu ne verras plus les enfants ! »
  • « Tu détruits notre famille ! »
  • « Tu vas souffrir ! »
  • « Vous pourrez aller vous chercher un autre boulot ! »
  • « J’en parlerai à la surveillante ! »
  • « C’est la chose la plus idiote que j’ai jamais entendu ! » etc , etc …

A cela, on peut répondre des choses comme :

  • « J’entends , c’est ton choix » ,
  • « Je regrette que tu sois si perturbé par ma réponse » ,
  • « J’entends tes menaces , mais elles ne vont pas m’arrêter »,
  • « J’entends tes arguments , mais pour moi , c’est non » , – « Vous avez le droit d’exprimer votre opinion » ,
  • « Vous avez peut-être raison , mais pour moi , c’est non » ,
  • « Nous voyons les choses différemment , c’est même enrichissant » , etc , etc …

On peut inviter la personne qui fait du chantage émotionnel à s’expliquer :

  • « Pourquoi est-ce si important pour toi ? » ,
  • « Peux-tu me suggérer un moyen de régler le problème ? »,
  • « Je me demande ce qui se passerait si ce que tu dis arrivait … »

On peut interroger l’autre , pour susciter une sorte de processus de pensée .

Il faut ensuite tenter de négocier gagnant-gagnant , en considérant ce que chacun peut accepter .

Source : Ce est un extrait d’une conférence  » L’agressivité dans le monde des soins » tenue au Collège International des Infirmières Conseillères de Santé

Voici sur le même thème un petit guide gratuit intitulé : 

Apprendre à s’affirmer – dire non et résister au chantage émotionnelApprendre à s'affirmer – dire non et résister au chantage émotionnel

Cliquez sur l’image ci-contre pour le télécharger

Auteur : Bechir Houman

Humaniste

2 réflexions sur « Résister au chantage émotionnel »

  1. Un article qui fait écho. Très clair et qui donne des pistes pour sortir de ces manipulations affectives. Je viens de télécharger le guide que je vais lire attentivement. Un grand merci pour ce partage 🙂

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