Le paradoxe du misanthrope humaniste 

Tous autant que nous sommes, nous nous affirmons par nos paradoxes.

Éternels insatisfaits, nous souhaitons tout et son contraire, et sommes incapables, pour la plupart, d’attraper le bonheur et le garder près de nous. En tant que membre de la race humaine, je ne déroge pas à cette règle.

Et parmi ces paradoxes qui m’affectent, il y en a peut-être un plus présent que les autres : je suis un humaniste misanthrope.

Je suis humaniste parce que j’aime mon prochain. Avec les gens qui me sont proches – ami(e)s, famille -, j’essaye, du mieux possible, d’être à l’écoute, d’aider, de soutenir, d’encourager, d’être présent dans les moments heureux et les moments durs, de me montrer généreux, tolérant et compréhensif, qu’ils puissent ainsi dire qu’on peut compter sur moi.

J’échoue parfois, mais je fais toujours de mon mieux.

Je suis misanthrope parce que je n’aime pas l’être humain, sa nature profonde. Je peux aimer ce qu’il fait, ce qu’il conçoit, ce qu’il fabrique, ce qu’il construit, ce qu’il imagine, ce qu’il créé, mais je n’aime pas ce qu’il est.

Il est le plus souvent médiocre, hypocrite, égoïste, manipulateur, lâche, cruel, et c’est encore pire au sein d’un groupe qu’individuellement.

Je reconnais cependant qu’il m’arrive aussi d’être ainsi, bien évidemment, en tant que membre de cette espèce.

Je dois donc faire cohabiter en permanence ces deux tendances en moi, car je ne suis pas encore prêt à revivre en ermite, même si j’en ressens parfois le désir.

J’ai besoin de contacts humains, je ne peux pas m’en passer, mais en même temps j’ai beaucoup de mal à accepter tous les compromis, toutes les bassesses, toutes les hypocrisies qui sont nécessaires à la vie en société.

J’ai parfois beaucoup de mal à me reconnaître et à trouver ma place dans la société qui m’entoure. J’ai l’impression qu’elle ne me ressemble pas, même si j’en fais irrémédiablement partie.

Auteur : Bechir Houman

Humaniste

4 réflexions sur « Le paradoxe du misanthrope humaniste  »

  1. Je crois qu’à l’inverse vous aimez fondamentalement l’être humain et le vivant dans sa globalité, parce que vous savez, tout comme moi, que nous sommes tous reliés et ne faisons qu’un. Ce qui est parfois difficile d’apprécier, chez les autres, ce sont, effectivement, leurs moments de bassesse, de médiocrité, les hypocrisies … Mais ces modes de fonctionnement qualifient-ils définitivement l’autre ? tous les autres ? Et nous-même, sommes-nous exempts d’imperfections passagères ? ou chroniques ? Cessons-nous de nous aimer lorsque nous en prenons conscience ? Il est à espérer que non, car si nous ne nous aimons pas, tels que nous sommes, comment pourrions-nous aimer les autres ? … comment pourrions-nous progresser et grandir ?! …
    l’Amour c’est tout, l’Amour fait tout … et vous en êtes définitivement remplis, Merci ♥ ♥ ♥

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  2. Cher Bachir,
    Psychologiquement parlant, ce n’est pas un paradoxe ,car vous ne dites pas : plus j’aime/ plus je déteste !
    C’est plutôt un conflit de parties. C’est juste que nous souhaiterions être fait d’un seul bois, limpide, mais dans des contextes différents, nous nous adaptons !
    C’est surtout un conflit entre vos valeurs et vos besoins… C’est juste la marque de votre humanité.
    Merci de nous faire réfléchir, et peut-être nous améliorer.

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